« L’équipe a été créée en 2003. Nous avons commencé par le 50 cc. Nous avons ensuite roulé en 600 cc et gagné deux fois le championnat de France d’Endurance. Puis nous avons saisi le challenge de rouler en 1000 cc et avons découvert la nouvelle R1. Cela a été dur. Nous avons fait le Trophée de France où nous avons fini 4e, alors que nous aurions pu finir sur le podium ou même le gagner. Après, nous avons fait notre première épreuve d’endurance invitée par le team GMT 94 à Albacete (Espagne) en 2010 (9e Stocksport, 15e au général). Un an plus tard, nous avons trouvé des partenaires pour pouvoir faire toute la Coupe du monde. Nous avons donc continué en rêvant plus grand. Il y a une vraie ferveur autour de nous à cause de notre histoire atypique. »

En effet, derrière le sportif se cache une association, Viltaïs, qui aide à la réinsertion ou à la formation des jeunes. « Tous les ans, nous accueillons des jeunes qui sont soit en insertion, soit en certificat de qualification professionnelle. Notre but est de les réinsérer dans un parcours de société et de vie. Certains sortent de prison, sont demandeurs d’emploi, SDF, ou en rupture familiale complète. Ce sont des personnes qu’il faut remettre dans le droit chemin et 75% de ces jeunes trouvent ensuite un emploi. Nous avons aussi créé un certificat de qualification professionnelle pour un autre type de jeunes avec, par exemple, des bacheliers qui vont passer leur Bac +1 en certificat de qualification professionnelle expert motocycle après vente option compétition. Ils font prés de 300 heures avec nous en condition réelle de compétition. Tous les ans, ce sont de nouveaux jeunes. Cela tourne comme Damien Saulnier avec le Suzuki Junior Team. Je garde les cadres bien sûr, comme le chef mécanicien, pour l’aspect technique et l’aspect encadrement. A travers la compétition, nous voulons leur prouver que tout est possible quand on le veut vraiment. Pour l’instant, nous sommes 100 salariés alors que quand nous avons commencé nous étions 16. En tout cas, j’arrive à récupérer des financements pour le team. Cela prouve que cette histoire intéresse les gens et qu’ils aiment associer leur image à la nôtre. »

Du côté sportif, le Yamaha Viltaïs Experience a pu compter sur un soutien de taille de son parrain, Christian Sarron. « C'est notre parrain depuis 2008. Un jour, j’ai souhaité le rencontrer sur sa piste de karting à Riom (63). Je lui ai parlé de l’association Viltaïs et il a accroché tout de suite. Il est venu nous donner un coup de main, il a plus particulièrement aidé les pilotes à travailler leur pilotage de la 50 à la 600cc. Dés sa première année de présence, nous avons gagné le 600cc en Endurance. L’année suivante, nous gagnons de nouveau en 600cc avec le podium au général. Au final, il est resté de 2008 à 2011. Il est devenu notre conseiller technique et sportif. Il a dû arrêter à cause de ses obligations TV et auprès de la Fédération Française de Motocyclisme. C’est un véritable passionné, il parle très souvent aux pilotes et n’est pas avare de conseils. Nous n’en serions pas là où nous en sommes s’il n’avait pas été là."

La compétition reste le fil conducteur de tous ces passionnés. « Nous voulons gagner cette Coupe du monde et la ramener à Moulins. Mais c’est très dur, la concurrence est très relevée. Dans les courses de 24 heures, tout peut arriver. Nous verrons bien comment cela va se passer. Nous aurions été plus à l’aise en conditions de pluie, mais ce n’est pas le cas ce week-end. Mais l’équipe est soudée, nous avons démontré notre potentiel comme l’an dernier où on finit 2e du Bol d’or dans des conditions dantesques. » 

L’une des particularités de ce team est son numéro, le 333, qui a une connotation toute particulière. « Quand nous roulions en 50 cc, nous avions le numéro 3 et le 11. Quand nous avons été champions de France, nous avions le n°1 et le 3. A notre arrivée en 600cc, le n°3 était déjà pris. Nous voulions ce chiffre car nous sommes de l’Allier (03). Nous avons discuté avec la FFM, ils nous ont dit que le 33 était libre ou le 333. Le 33 étant le département de la Gironde, nous avons choisi le 333 ! »

Le Yamaha Viltaïs Experience vu par Christian Sarron : «Le projet de Yannick Lucot est un projet atypique et intéressant. De plus, c’était quelque chose qui sortait complètement de ce que je connaissais au niveau de la moto, là, le coté social était mis en avant. Il ne s’agissait plus de niveau mondial, mais de championnat de France 600cc. L’équipe avait besoin de conseils pour le réglage de la moto, la stratégie de course et la gestion de course. Mais mon rôle a été bien plus grand avec la démarche au niveau partenaires par exemple. Ce fut un vrai plaisir de collaborer avec eux, c’est devenu une vraie famille. Ce fut une expérience différente qui m’a beaucoup plu. Les expériences humaines que j’ai pu vivre dans cette équipe sont assez prenantes. La passion de la compétition et de la moto a redonné de l’espoir et de nouvelles opportunités à des gens. Même si j’ai dû me retirer faute de temps, mon cœur est avec l’équipe. »

David Bristol / ACO