Entre 2003 et 2014, le pilote du SERT s'est construit un fabuleux palmarès, avec huit titres dans le Championnat du Monde FIM d'Endurance et sept victoires au Bol d'Or. Pour parachever cette fabuleuse réussite qui lui a valu le surnom de "roi de l'endurance" (d'où la mention "The King" figurant à l'arrière de son casque), il ne manquait plus qu'un deuxième succès aux 24 Heures Motos. Ce fut chose faite le 21 septembre 2014.

A quoi pensiez-vous en piste au guidon de votre Suzuki, pendant le dernier relais qui vous a conduit jusqu'au drapeau à damier de la victoire ?
Vincent Philippe : "Mon dernier relais en 2014 était un moment fantastique, avec beaucoup d'émotion. J'ai revécu une saison très compliquée pour l'équipe mais aussi au niveau personnel : je m'étais blessé gravement, j'avais eu du mal à me remettre et j'avais même failli abandonner la compétition... Tout cela m'est revenu en mémoire sur cette fin de course. Et une fois la ligne d'arrivée franchie, c'était aussi un grand moment de partage avec toute l'équipe. Mais même si la course était jouée et le rythme moins élevé, la moto, ça reste une concentration de tous les instants, on essaie de continuer à faire jusqu'au bout les bons gestes au bon moment. Mais on peut s'autoriser à penser à d'autres choses : par exemple, au bon petit plat qu'on va manger le soir après la course car on s'est privé pendant une quarantaine d'heures..."

Comment "garde-t-on la foi" pendant une décennie, avec un tel écart temporel entre vos deux victoires ?
"Tout d'abord grâce à la passion de la moto, même si le danger est aussi de savoir si je saurai m'arrêter un jour. Je suis issu d'une famille toute simple, ce qui aide aussi à garder les pieds sur terre. Chaque année, lorsque je viens aux 24 Heures Motos, je remets les compteurs à zéro et je repars pour une nouvelle aventure, car c'est à chaque fois une nouvelle aventure avec toute l'équipe... et je continue à prendre beaucoup de plaisir. J'ai toujours envie de donner pour les autres mais je ne supporterais pas de ne plus pouvoir apporter quelque chose à l'équipe et à mes coéquipiers. Ainsi, tant que je continuerai à apporter ma pierre à l'édifice, le plaisir restera intact."

Jean-Philippe Doret / ACO

Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT BUGATTI, 24 HEURES MOTOS, PRE-MANS, 31 MARS & 1ER AVRIL 2015. Cette année, les vainqueurs 2014 Vincent Philippe (ici en piste) et Anthony Delhalle accueillent un nouveau coéquipier en la personne d'Etienne Masson.