Hervé Moineau : "Les 24 Heures Motos font toujours autant rêver"
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Hervé Moineau : "Les 24 Heures Motos font toujours autant rêver"

Âgé de 61 ans, Hervé Moineau est un ancien vainqueur des 24 Heures Motos devenu team manager. Il garde de sa victoire sur le circuit Bugatti un souvenir impérissable et porte un regard passionné sur l'épreuve et ses pilotes.

Vous avez remporté les 24 Heures Motos en 1980 au guidon d'une Honda RCB que vous partagiez avec Marc Fontan. Quel souvenir gardez-vous de cette victoire ?

« C'est un beau souvenir. J'avais 25 ans depuis quelques jours et avec Marc, nous étions l'équipage numéro deux de Honda qui avait souhaité engager une seconde moto pour de jeunes pilotes. Nous avons bien mené notre course et avons eu une très grande réussite car la RCB de Christian Léon et Jean-Claude Chemarin avait dû abandonner. Nous avions remporté la course devant la Suzuki officielle dont l'engagement était déjà géré par Dominique Meliand.
J'étais également un ancien pilote privé alors me retrouver au guidon de cette moto et remporter les 24 Heures Motos avec la RCB officielle fut un sentiment particulier. Je garde aussi un souvenir impérissable de l'ancien podium et de sa proximité avec la foule. À la fin de la saison, nous étions Champion du Monde d'Endurance avec Marc. Ce fut une belle saison. »

Depuis 2009, vous êtes team manager du Team April Moto Motors Events. Était-ce une suite logique pour vous ?

« Non pas vraiment. J'ai stoppé ma carrière à l'âge de 40 ans et je suis d'abord devenu entraîneur national de l'équipe de France de vitesse. Je le suis resté durant 9 ans. J'ai formé des pilotes comme Sébastien Gimbert, Vincent Philippe, Matthieu Lagrive, Julien Da Costa ou Grégory Leblanc. L'objectif était de leur faire gravir les échelons. Ce qui m'a fait devenir team manager, c'est l'amitié qui me lie à Marc Mothre, propriétaire du team avec ses enfants. Il m'a appelé un soir en me disant qu'il voulait créer une équipe pour l'Endurance et pour me demander de les aider. C'est donc un pur hasard. Piloter et manager ce n'est pas du tout la même chose. Il y a tout un travail en coulisse qu'un pilote ne fait pas. Nous avons donc créé le team en 2009 et ça a tout de suite bien démarré. Dès le départ notre volonté a été de bien apprendre et de progresser. Cela nous a permis d'accomplir de belles choses mais nous restons un team privé. Se forger un palmarès à l'image du SERT ou du GMT94, c'est un parcours de longue haleine. »

Le fait d'être un ancien pilote facilite-t-il votre travail et la relation que vous entretenez avec les pilotes que vous managez ?

« Oui, d'autant que je suis encore pilote instructeur pour une école de pilotage. Je parle de choses que je connais et les pilotes ont du respect pour mon parcours. Ils savent aussi que j'ai un regard décalé et que cela peut leur apporter un plus. Ils aiment aussi que je les observe depuis le bord de piste. En course, lorsque je leur demande de hausser le rythme, ils savent que ma demande n'est pas gratuite et que c'est pour tenter d'obtenir un meilleur résultat. Souvent, un regard suffit et ils me comprennent très vite. Cela évite les discussions inutiles. En tant que team manager, j'attache de l'importance à l'humain, à apporter une touche de bonne humeur mais de sérieux également. C'est fondamental. »

Vous avez piloté pour le Suzuki Endurance Racing Team durant de nombreuses saisons. Le management de Dominique Meliand est-il un exemple que vous suivez ?

« C'est difficile de le suivre. Dominique est un personnage et il a été mon patron durant 15 ans. C'est vrai que c'est un modèle mais on ne peut pas le copier. On a du respect l'un pour l'autre mais je le laisse travailler. Il m'arrive de passer dans son stand pour le saluer mais je ne profite pas du fait d'être un de ses anciens pilotes. Chaque équipe a son parcours. Tout le monde peut se copier mais ce qui n'est pas copiable c'est l'expérience accumulée. Dominique a une telle connaissance de la course qu'à chaque fois qu'il est confronté à un problème, il fait systématiquement le bon choix. Il est comme un cuisinier à qui il manque un ingrédient pour sa recette mais qui trouve toujours la solution pour rendre le plat merveilleux sans que les gens s'en aperçoivent. Alors on a beau copier, regarder ce qui se fait ailleurs, finalement rien ne remplace l'expérience. »

Quel regard portez-vous sur les performances des pilotes actuellement engagés en Endurance ?

« Ils vont très vite et on ne peut qu'être admiratif. La technique et les motos modernes qui n'ont rien à voir avec celles d'il y a dix ans les aident beaucoup. Ils sont également bien entraînés et très affûtés physiquement. À mon époque, durant la course, on pouvait avoir un relais moins rapide que les autres. Aujourd'hui, ça leur est interdit. Chaque relais doit être autant voir même plus rapide que le précédent. Actuellement, un bon pilote d'Endurance, on doit pouvoir compter sur lui à chaque instant et quelles que soient les conditions. Il doit également être rapide et régulier. Tout ça fait qu'ils m'impressionnent. Je garde cet œil intéressé pour ce qui se passe en piste et j'ai toujours une paire de jumelle avec moi. »

Parmi les pilotes actuellement présents en Endurance avec lesquels auriez-vous aimé faire équipe ?

« Honnêtement j'aurais adoré être le coéquipier de Vincent Philippe (ndlr, pilote du Suzuki Endurance Racing Team, triple vainqueur des 24 Heures Motos et décuple Champion du Monde d'Endurance). Au SERT, comme lui, j'étais un peu le pilier côté pilotes. J'ai toujours été à la recherche de coéquipiers en capacité d'être aussi rapides que moi pour que la moto aille le plus vite possible. Mais ce n'est pas le seul. Je pourrais citer Sébastien Gimbert, Julien Da Costa ou Matthieu Lagrive. Aujourd'hui, il y a beaucoup de pilotes rapides en Endurance alors qu'à mon époque, des Christian Léon (ndlr, vainqueur en 1978 et 1979) il n'y en avait pas 36. »

Que pensez-vous de l'évolution des 24 Heures Motos ?

« C'est une épreuve qui n'a pas besoin d'évoluer dans son style et sa façon d'être. Le public répond toujours présent quelles que soient les conditions météorologiques et les changements de date. Le circuit Bugatti a formidablement bien évolué et des nouveautés ont toujours été apportées au tracé. Il est à la hauteur de l'épreuve. Ce n'est pas un circuit banal et il est attachant au niveau du spectacle qu'il produit. L'épreuve fait toujours autant rêver et reste un grand rendez-vous. Je salue la mise en place de la présentation des équipes sur la ligne droite des stands avant le départ. Cela permet au public de voir les équipes, les mécaniciens, les pilotes. Il faut toujours donner aux spectateurs l'occasion d'être au plus proche de l'action. Les 24 Heures Motos sont un spectacle accessible et cela doit rester ainsi. L'Endurance a beaucoup à gagner dans ce domaine par rapport aux grand-prix. »

PHOTO : Hervé Moineau, vainqueur des 24 Heures Motos en 1980 et team manager du Team April Moto Motors Events.

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