Hervé Moineau : « Les 24 Heures Motos sont plus exigeantes physiquement et mentalement »
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Hervé Moineau : « Les 24 Heures Motos sont plus exigeantes physiquement et mentalement »

Hervé Moineau compte quatre titres de Champion du Monde d'Endurance. Pourtant, il n'a remporté les 24 Heures Motos qu'à une seule reprise. C'était en 1980 au guidon d'une Honda RCB qu'il partageait avec Marc Fontan. Aujourd'hui, il est team manager de la Suzuki #50 du Team April Moto Motors Events. Il tire un grand coup de chapeau aux pilotes d'aujourd'hui.

Lorsque vous remportez les 24 Heures Motos en 1980, votre coéquipier Marc Fontan et vous n'étiez pas favoris ?

« Non c'était plutôt la machine pilotée par Christian Léon et Jean-Claude Chemarin qui l'était car ils formaient un équipage de pilote aguéris. Cette année là, Honda France avec le partenariat de Minolta voulait engager une deuxième machine pour de jeunes pilotes. Marc et moi étions très rapides mais nous n'étions pas encore des pilotes référence en Endurance. En course, nous étions à la bagarre avec le duo Léon/Chemarin. Ils ont rencontré un problème mécanique durant la nuit et nous avons saisi notre chance. Pour gagner, à l'époque, il fallait piloter une Honda RCB. C'est pour ça que Jean-Claude Chemarin trustait les victoires. Cette saison là, avec Marc, nous avions remporté le titre de Champions du Monde d'Edurance. C'est un très beau souvenir. »

"J'ai fais parti d'une génération de pilotes qui privilégiait la fidélité à une marque"
Hervé Moineau

Y a t-il une explication au fait que nous ne comptiez qu'une victoire aux 24 Heures Motos ?

« L'explication est toute simple. J'ai piloté pour le Suzuki Endurance Racing Team de Dominique Meliand de 1981 à 1995. C'est vrai que si on regarde le nombre de pole positions ou le nombre de tours couverts en tête de la course on peut se poser cette question. Nous avons souvent été trahis par la mécanique. Quand Suzuki a adopté les moteurs quatre temps, nous étions un peu des cobayes. Nous testions des pièces de développement et de temps en temps, nous avons connu des déboires. C'est aussi grâce à ça que le SERT a ensuite trusté les victoires. Le travail finit toujours par payer. »

Ne pas avoir remporté plus de victoires aux 24 Heures Motos, c'est le principal regret de votre carrière de pilote ?

« Oui mais il n'y a pas que celui-là. J'ai gagné de nombreuses courses à l'étranger comme Spa, Estoril, Donnington, Assen... Le Bol d'Or ne m'a jamais vraiment souri alors que j'habite à 30 kilomètres du circuit Paul Ricard. Il ne faut pas se chercher d'excuses mais j'ai fais parti d'une génération de pilotes qui privilégiait la fidélité à une marque. En l'occurrence, Suzuki pour moi. Je me sentais bien et en confiance avec cette marque. J'ai fais quelques erreurs aussi mais avec l'équipe et ses mécaniciens, nous étions en accord. J'ai arrêté en 1995 et c'est vrai que je l'ai regretté parce que j'étais encore rapide et j'avais encore envie. Toutefois, il faut être raisonnable car la compétition moto est un sport à risques. »

"L'épreuve est belle parce qu'il y a moins d'écart qu'avant entre les machines. Les pilotes n'ont pas le droit à l'erreur."
Hervé Moineau

Se relayer à deux pilotes pour une course de 24 heures, aujourd'hui cela apparaît comme un exploit et pourtant c'était monnaie courante à votre époque...

« On ne peut pas vraiment comparer. J'ai participé aux 24 Heures avec un seul coéquipier de 1978 à 1987 puis avec deux de 1988 à 1995. Dès que nous avons commencé à courir à trois pilotes, j'ai senti que j'avais quelques kilomètres en moins à faire. Cependant, il fallait aller très vite et c'est ce que vivent les pilotes aujourd'hui. Maintenant, les motos sont tellement rapides et puissantes qu'ils ont d'autres contraintes. Ils sont vraiment affutés et j'estime qu'il sont plus à féliciter. Les anciennes machines réclamaient moins aux pilotes et on fatiguait moins. À présent les relais durent une heure contre 40 minutes à mon époque car les motos consommaient plus. »

Comment jugez vous l'évolution des 24 Heures Motos du point de vue du pilote ?

« Les 24 Heures Motos sont plus exigeantes physiquement et mentalement. Les pilotes sont plus organisés, plus suivis. Ils sont comme des chefs d'entreprise. Lorsque j'ai remporté les 24 Heures Motos, on mangeait de la viande rouge entre les relais. Aujourd'hui, c'est impossible parce qu'ils doivent faire attention à ce qu'ils mangent et à leur mode de vie. L'épreuve est belle parce qu'il y a moins d'écart qu'avant entre les machines. Les pilotes n'ont pas le droit à l'erreur. Même les amateurs sont très organisés et rigoureux ».

En 2018, Hervé Moineau officiera de nouveau en tant que team manager du Team April Moto Motors Events. Ses pilotes, Matthieu Lagrive, Baptiste Guittet et Grégory Fastre profitent de son expérience et de sa science de la course.

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